Aux portes du désert

Aux pieds des dunes, 400 gazelles prêtes à en découdre. Le sable, le vent, la chaleur et surtout, l’excitation pour celles qui découvrent pour la première fois les paysages de Merzouga.

Dans la lumière du matin, le désert dévoile ses courbes aux couleurs ocres. Un océan de sable qu’il faut apprivoiser. Dans les voitures, les gazelles placent leurs derniers points. Dégonflent les pneus. Et s’encouragent avant de s’élancer pour cette seconde étape. Malgré l’expérience d’un premier rallye, Véronique et Heidi ( team 177) concèdent une certaine appréhension face aux dunes de Merzouga, elles qui ont choisi le parcours X, le plus difficile : « on a les chocottes, mais on ne veut pas être déçues. Notre classement est bon, on s’est demandé hier si l’on jouait la sécurité ou si on se lançait le défi de se surpasser… après tout, on est là pour ça ! » s’exclament les deux amies, tout sourire malgré leurs craintes au volant de leur 4X4. Même envie pour les infirmières nîmoises Marine et Marie Pierre ( team 154), qui oscillent « entre peur et adrénaline ». Pour leur premier RAG, les amies de 35 et 40 ans veulent croire en leurs capacités avec un mot d’ordre, la détermination. « On va avancer étape par étape, en essayant de ne pas s’épuiser pour rien. On sait que les balises vont être difficiles à trouver mais on y va. Le seul objectif, c’est de rentrer. Hors de question de dormir dans le désert !» assure Marie-Pierre.

Sandra et Audrey elles ( team 224), ont préféré jouer la sécurité. Installées dans l’Isère, les amies découvrent le désert marocain pour la première fois. Elles qui se connaissent depuis vingt ans savent qu’elles peuvent compter l’une sur l’autre pour traverser les dunes sur le parcours Z, le plus accessible « Avec le vent qui souffle ce matin, on craint le manque de visibilité. Et comme on est inexpérimentées toutes les deux, on a choisi l’itinéraire le plus simple pour se mettre en confiance ». Surtout, elles ont découvert l’esprit d’équipe qui règne sur le Rallye Aïcha des Gazelles du Maroc. « Il y a une vraie solidarité. Les filles s’entraident, donnent des conseils… ». Rassurant quand on s’élance pour plus d’une soixantaine de kilomètres au milieu du sable ! Au volant de leur jeep, Sophie l’assistante médicale et Nadia ( team 268), toute jeune retraitée, ont elles aussi revu leurs prétentions. « On voulait faire les X mais vu nos galères d’hier, on va emprunter le parcours intermédiaire le Y. Avec le vent, le sens des dunes peut changer », explique Sophie, qui participe pour la deuxième fois. « Hors de question de souffrir deux jours de suite !».

Est-ce les années en moins et l’insouciance qui va avec ? Manon et Estelle ( team 166), deux trentenaires qui travaillent ensemble en hôtellerie restauration vérifient sur la ligne de départ le tracé qui mène au X, sans trop penser aux galères à venir. « On s’est bien tankées hier, on est rentrées au bivouac à 1 heure du matin après avoir appelé l’assistance mécanique. On est trop fatiguées pour s’angoisser de ce qui arrive » plaisante le binôme. Les masques de ski glissés dans la valise se chargeront de lutter contre le vent. Quant au reste… « Si on ne rentre pas, dites à nos mamans et nos papas qu’on les aime. Et si on s’en sort, nos amoureux ont intérêt d’être là sur la ligne d’arrivée !»