À l’épreuve de la tempête
RALLYE AÏCHA DES GAZELLES 2024
Autour du Rallye
Cette quatrième soirée sur le bivouac avait pourtant des airs de fête. Mais en quelques rafales de vent, le désert a rappelé aux Gazelles que la nature fait loi. Et qu’il faut s’y plier.
Il aura suffi d’une bourrasque, vers 20h, pour sentir le vent de cette quatrième soirée tourner. En quelques minutes, les toiles des tentes s’agitent et claquent, le sable s’envole et le désert reprend ses droits. Ordre est donné aux Gazelles d’aller replier leurs affaires et de se réfugier sous le chapiteau du restaurant. Dehors, les rafales soufflent à près de 70 km/h et dans la tempête, le campement a des airs de fin du monde. Hors de question pour Maïenga de prendre le moindre risque en laissant dormir les équipages dehors. En lieu et place de la soirée champagne qui venait tout juste de débuter, les filles s’installent comme elles peuvent à l’intérieur de la tente restaurant. Une première en trente-trois ans de RAG. « Il y a une heure, on faisait la fête après une troisième étape pas évidente. On a vécu un moment de communion toutes ensemble, on dansait, on chantait et d’un coup tout bascule. Mais c’est sans doute la force des femmes de devoir s’adapter », philosophe Michelle la brésilienne, de la team 126.
Aux quatre coins de la grande tente, chacune se prépare pour la nuit. Le camp de fortune ressemblerait presque à une colonie de vacances, entre calme et excitation. Assises sur leur matelas, les parisiennes Julie et Hermine se démaquillent. « Vu tout le sable qu’on vient de prendre, c’est un minimum », assure la team 233. Si Julie déteste la foule et garde un œil sur la sortie, sa coéquipière est là pour la rassurer. « On sait que ça ne va pas durer, demain on retrouvera nos voitures et la course ». Opinion partagée par Ambre, de la team 205. Allongée par terre, la toulousaine prend les choses comme elles viennent : « On est avec les copines, le buffet n’est pas loin… il y a pire ! » Et pour détendre les quelques Gazelles qui angoissent, l’une des photographes du rallye assure au pied levé une session de sophrologie. Au micro, Olga demande aux filles de respirer et de trouver son lieu de sécurité. « Chacune possède cet endroit à soi où l’on peut se réfugier quand quelque chose ne va pas. Ca peut être l’image de sa chambre, d’une plage où un lieu de l’enfance … ». Dans les allées, entre les lits de fortune, certaines distribuent des gâteaux et du thé aux copines. Franck, de la cellule web média, tente de rassurer l’une des pilotes qui panique pour la suite. L’étape marathon ? « On verra demain. La meilleure chose à faire pour ce soir est d’essayer de se reposer ».
Mais le désert n’a pas dit son dernier mot. Un peu avant 22 heures, le vent souffle tellement fort qu’il devient dangereux de rester sous les bâches de la tente restaurant. C’est Dominique Serra qui se charge d’annoncer la mauvaise nouvelle : « on essaye de gérer mais vu la météo, on ne sait pas si les toiles du toit vont tenir le coup. La priorité c’est votre sécurité ». Les Gazelles dormiront donc dans leurs voiture. Une seconde fois, il faut tout replier, ranger les matelas, les duvets et retrouver l’énergie d’affronter la tempête pour rejoindre les véhicules garés quelques centaines de mètres plus loin. « J’aurais préféré rester toutes ensemble ici. Dans, nos 4X4 on risque de ne pas dormir et d’accumuler encore plus de fatigue. J’ai peur de ne pas être au point pour la suite », s’inquiète Clémence, team 151. Chez leurs voisines, team 40, la sudiste Coco relativise : « je suis d’Avignon, le mistral je connais bien donc un coup de vent dans le désert, ça n’est pas plus méchant ! » A 23h, les 400 Gazelles sont dans leurs véhicules. En espérant trouver un peu de repos après une nuit qu’elles ne sont pas prêtes d’oublier.